Michel-Jack Chasseuil

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Michel-Jack Chasseuil, né le à La Chapelle-Bâton dans les Deux-Sèvres[1], est un collectionneur de vins français, dont de nombreux reportages et articles font connaître la cave riche de plus de 50 000 bouteilles. D'origine rurale et modeste, ouvrier puis cadre chez Dassault Aviation, grand amateur de vins, il collecte des milliers de bouteilles de grands vins et d'alcools. Une sélection des plus prestigieuses donne naissance à un ouvrage primé en 2010 comme « meilleur livre au monde sur le vin ». La Fondation Chasseuil est fondée pour assurer la pérennité de cette collection ainsi qu'un musée pour permettre son exposition à un plus large public.

Biographie[modifier | modifier le code]

Michel-Jack Chasseuil naît le à La Chapelle-Bâton, dans les Deux-Sèvres. Dès sa jeunesse, il collectionne les timbres, les minéraux… En 1960, il obtient un CAP de chaudronnier, et en 1963 il est embauché aux Établissements Dassault. Grâce aux cours du soir, il complète sa formation. En 1967, il part travailler comme dessinateur industriel en Afrique du Sud. Il revient en France en 1970, dessinateur chez Dassault. Il y finira sa carrière comme responsable des ventes à l'export[2].

Il hérite d'une amie, Mary Domergue, d'une propriété viticole de Pomerol : le château Feytit-Clinet, alors divisé entre deux propriétaires, qu'il réunifie avec son fils Jérémy Chasseuil[2].

En 1994, Michel-Jack Chasseuil fonde l'Académie internationale des vins rares[3], qui fait la promotion des grands vins et alcools. Son objectif est de léguer sa collection à une fondation. Plusieurs lieux sont envisagés : Bordeaux, Saint-Émilion, Paris[4]. À cet effet est créée la Fondation Chasseuil, au conseil d'administration de laquelle siègent notamment la Compagnie Financière Edmond de Rothschild et la maison Guigal à Ampuis[5],[6].

En 2014, Michel-Jack Chasseuil est attaqué et séquestré chez lui par un groupe d'hommes cagoulés. Tenu sous la menace d'une arme à feu, torturé et menacé d'être tué pendant des heures, il refuse de céder à ses agresseurs malgré plusieurs doigts cassés. Ces derniers n'ont pas été en mesure de désactiver le système de sécurité et d'accéder à la précieuse collection qu'ils convoitaient[7]. Cinq hommes sont par la suite interpellés puis condamnés à des peines de prison ferme[8],[9].

En 2020, il entreprend la construction, dans sa commune de La Chapelle-Bâton, du Muséum international des vins rares et spiritueux afin d'exposer et de partager sa collection riche de 3 000 caisses avec le public[10]. Le lieu est composé dans sa partie souterraine d'une cave de 50 mètres de long et de 400 m2, ainsi qu'en surface d'un bâtiment d'accueil, d'un chai, d'une cafétéria, d'une boutique et d'espaces de dégustation, le tout entouré par un « Jardin des cépages », vignoble de 4 ha planté de diverses vignes du monde entier[11],[12]. L'ouverture et l'inauguration de ce nouveau musée sont prévues pour l'été 2021[13].

Collection[modifier | modifier le code]

Après avoir collectionné les timbres et les minéraux, Michel-Jack Chasseuil s'intéresse aux grands vins. En 1980, il possède 50 millésimes du Château d'Yquem, et en 2009 plus de 120, ainsi que 90 millésimes de Petrus.

Sa collection comprend plus de 50 000 bouteilles et est généralement présentée par les experts comme « la plus belle cave du monde »[14],[15]. Une polémique court au sujet de l'utilité de garder des vins anciens sans les boire. Michel-Jack Chasseuil considère qu'il est un conservateur des grands vins, comme le conservateur d'un musée, et insiste dans ses nombreuses interviews sur son désir de transmettre sa collection[16]. En 2014, l'État lui adresse une imposition au titre de l'ISF, pour un montant de 2 millions d'euros, basée sur des estimations de la valeur de sa cave. Michel-Jack Chasseuil répond que sa collection ne génère pas de bénéfices, mais que la Russie ou la Chine sont prêtes à l'accueillir[17].

Ne pouvant plus suivre la hausse importante des cours pour acquérir chaque année des caisses de Petrus, de Romanée-Conti ou de Screaming Eagle, il lance en 2015 l'idée de dégustations prestigieuses, et payantes, au profit de sa fondation[18].

Publications[modifier | modifier le code]

Michel-Jack Chasseuil publie en 2010 aux Éditions Glénat un ouvrage de référence, avec la collaboration de l'expert en vins Gilles du Pontavice : 100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde[19]. Cet ouvrage, traduit en neuf langues[a], reçoit en 2011 le prix « Hall of Fame » du meilleur ouvrage consacré au vin, lors de la cérémonie des Gourmand World Cookbook Awards à Paris[20].

Ce livre est préfacé par Michael Broadbent et Michel Bettane. Après une autobiographie, de son enfance dans une famille modeste au statut de grand collectionneur, 100 bouteilles sont présentées, avec leur description, leur qualité, et les circonstances de leur achat[21]. De nombreux médias, télévisions et magazines ont publié des reportages sur sa cave, suscitant des convoitises et des offres d'achat importantes.

Les cent bouteilles extraordinaires selon Michel-Jack Chasseuil[modifier | modifier le code]

Michel-Jack Chasseuil, à partir de sa collection, a sélectionné une centaine de bouteilles qu'il considère comme extraordinaires. Quatorze pays sont représentés pour la partie vins et trois pour les spiritueux. La France occupe la première place dans ses choix. La sélection regroupe des vins de quasiment toutes les plus importantes régions viticoles mais le Bordelais et la Bourgogne sont les plus représentées. La section des vins rouges de Bordeaux est la plus importante de l'ouvrage et comprend tous les premiers crus.

La collection de Michel-Jack Chasseuil comprend aussi des bouteilles d'Argentine, d'Autriche, du Canada, du Chili, de Grèce, du Mexique, de Moldavie, de Nouvelle-Zélande, de Roumanie, de Slovénie et de Suisse.

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. L'ouvrage a été traduit en anglais, en néerlandais, en allemand, en italien, en portugais, en russe, en chinois, en japonais et en coréen.
  2. La cave renferme une quinzaine d'autres millésimes dont le plus ancien est 1868.
  3. Une vingtaine de millésimes jusqu'en 1894.
  4. Une vingtaine de millésimes depuis 1868.
  5. 20 millésimes depuis 1926.
  6. La cave renferme aussi d'autres grands millésimes comme 1921, 1945, 1961, 1982, 1990, 2005.
  7. Étiquette du comte Pillet-Will, propriétaire à l'époque, parmi une vingtaine de millésimes.
  8. Michel Chasseuil en possède 70 millésimes.
  9. Découvert dans une épave du détroit de Gaspar en Indonésie.
  10. Il s'agit de la bouteille la plus humble de la collection. Elle vient du café de sa grand-mère à La Chapelle-Bâton où il habite toujours, et qu'il a absolument tenu à faire figurer dans son livre.
  11. Michel Chasseuil a été l'un des premiers à importer les vins de la célèbre cave de Massandra, en Crimée, qu'il a en haute estime. À la suite de l'embargo sur ces vins consécutifs à l'invasion de la Crimée par la Russie, il a organisé en décembre 2015 une dégustation de 25 vins de Massandra venus par la valise diplomatique, dans l'ambassade de Russie à Paris.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Denis Saverot, « Michel-Jack Chasseuil détaille le contenu de sa cave unique », sur La Revue du vin de France, .
  2. a et b « En conversation: Michel-Jack Chasseuil au Centre Phi », sur Centre Phi, .
  3. « L'homme aux 30.000 flacons », sur lemonde.fr, .
  4. « A Niort, le "Louvre du vin" est toujours en attente », sur sudouest.fr, .
  5. « Le premier repas de la fondation Chasseuil », sur Académie des vins anciens, .
  6. Stéphane Frachet, « Michel-Jack Chasseuil : « Ma collection est comme “La Joconde”, elle n’a pas de prix » », sur Les Échos, .
  7. « Le plus grand collectionneur de vins séquestré chez lui », sur LeParisien.fr, .
  8. « Deux-Sèvres: les voleurs de «la plus belle cave du monde» condamnés », sur Le Figaro, .
  9. « Niort : le procès du cinquième agresseur du collectionneur de vin de la Chapelle Bâton a débuté », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, .
  10. Jean-Luc Simon, « Deux-Sèvres. Les travaux du Muséum international des vins rares ont démarré à la Chapelle-Bâton », sur Ouest-france.fr, .
  11. Christophe Bordas, « Près de Niort. Michel Chasseuil veut ouvrir à un Muséum international des vins rares », sur Ouest-france.fr, .
  12. Benoist Simmat, « Michel Chasseuil ouvre son "Louvre du vin" », sur La Revue du vin de France, .
  13. Anne-Marie Baillargé et Stéphane Bourin, « Deux-Sèvres : "la plus prestigieuse collection de vins au monde" de Michel-Jack Chasseuil bientôt accessible au public », sur France 3 Nouvelle-Aquitaine, .
  14. « Michel-Jack Chasseuil: propriétaire d'une collection unique de grands vins », sur La Revue du vin de France.
  15. « L'ivresse du collectionneur », sur ParisMatch.com, .
  16. « Une cave d'enfer », sur liberation.fr, .
  17. « La plus belle cave du monde est-elle imposable? », sur Paris.maville.com, .
  18. (en) « Let's hope it isn't corked », sur dailymail.co.uk, .
  19. a et b Michel-Jack Chasseuil et Gilles Du Pontavice (photogr. Jacques Caillaut), 100 bouteilles extraordinaires de la plus belle cave du monde, Grenoble, Editions Glénat, coll. « Le verre et l'assiette », , 480 p. (ISBN 978-2-344-00001-4, OCLC 887513882, présentation en ligne).
  20. « Les lauréats français des Gourmand Cookbook Awards ont été dévoilés », sur Livres Hebdo (consulté le )
  21. « Michel Chasseuil, toqué des vins », sur Lemonde.fr, .
  22. « Les vins de Crimée empruntent la valise diplomatique », sur lemonde.fr, .

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Internet[modifier | modifier le code]

Presse[modifier | modifier le code]

Vidéos[modifier | modifier le code]